S²LOW : retour sur un projet de télétransmission historique

La version 4.0 du tiers de télétransmission S²LOW est désormais disponible ; l’occasion de mettre en avant ce projet qui a marqué l’histoire de Libriciel SCOP.

À sa constitution en 2006, Libriciel SCOP (anciennement ADULLACT Projet) décide d’investir le marché naissant de la télétransmission en finançant le développement de son premier projet : le dispositif de télétransmission S²LOW.

Cette décision a été impulsée par l’ADULLACT (Association des Développeurs et Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales) et ses membres, qui ont souhaité s’opposer à la situation de monopole qui se dessinait et proposer une alternative en homologuant une solution sous licence libre.

Ainsi, en janvier 2007, la plate-forme s2low.org a été homologuée pour la première fois par la DGCL au titre du programme ACTES, puis en janvier 2011 par la DGFiP au titre du programme HELIOS.

S²LOW en quelques chiffres

Aujourd’hui, 13 ans après le début des premiers développements, S²LOW c’est :

  • la souche logicielle la plus utilisée parmi les Opérateurs de Télétransmission qui en fait le premier outil de télétransmission en nombre de flux

  • 8906 collectivités actives raccordées sur la plate-forme s2low.org

  • 3 775 027 enveloppes actes créées sur la plate-forme s2low.org

  • 4 993 486 flux PES déposés sur la plate-forme s2low.org

Pour Libriciel SCOP, financeur, et mainteneur officiel de la solution, S²LOW est un marqueur fort de son histoire, et a participé à déterminer l’identité de la coopérative et les axes stratégiques qu’elle allait investir par la suite : à savoir une expertise sur le développement de « solutions de dématérialisation pour le secteur public ».

 

Interview : François Elie, Président de l’ADULLACT

« Pouvez vous nous raconter ce qui a présidé au développement de S²LOW en 2006 ? »

En 2005, nos collectivités adhérentes nous ont prévenu de la situation de quasi monopole qui allait se mettre en place avec le lancement du 1er service de télétransmission par la Caisse des Dépôts. Pour répondre à cette problématique, au modèle économique et au coût annoncé de FAST, l’ADULLACT a souhaité développer une alternative libre, afin que la dématérialisation du contrôle de légalité ne grève pas les budgets des collectivités. L’association a demandé à la DGCL de pouvoir disposer des mêmes facilités de tests que la Caisse des Dépôts, en faisant valoir que l’Europe aimait la concurrence…

« Comment l’association s’est-elle imposée face à ses puissants et riches concurrents ? »

Nous avions déjà mesuré la difficulté qu’il y a à faire un tour de table pour financer un développement, même dans le cas d’un besoin partagé. Il y avait urgence, il fallait trouver un moyen de faire vite. Par chance, le cahier des charges n’était pas très compliqué.
C’est en 2006 que l’ADULLACT a initié la création d’ADULLACT Projet, une structure coopérative, une des premières SCIC informatique, dont la première mission fut le développement de S²LOW. Une fois S²LOW homologué, les collectivités avaient la possibilité de choisir un logiciel libre pour télétransmettre leurs ACTES.
Très rapidement, le service de télétransmission a été fourni gracieusement aux adhérents de l’association. Le bouche à oreille a bien fonctionné, puisque la plate-forme est aujourd’hui la première en France en nombre de collectivités raccordées, mais également en nombre d’instanciations.
Une demi-douzaine d’acteurs, principalement des structures publiques mais aussi parfois privées, ont choisi d’instancier le code source du logiciel libre S²LOW, puis de se faire homologuer à leur tour. Éviter à ces structures publiques d’avoir à réinventer la roue pour disposer de leur propre plate-forme de télétransmission est une autre manière d’économiser l’argent public.

« Quelles difficultés rencontrent les collectivités pour passer à la dématérialisation ? Quelle(s) réponse(s) apporte le libriciel S²LOW ? »

La nécessité de dématérialisation, que ce soit pour moderniser ses processus ou s’adapter aux dernières exigences réglementaires, peut-être une lourde tâche pour certaines collectivités, qui ne savent pas comment choisir une solution ou l’autre de manière éclairée, et sont souvent poussées à s’enfermer dans des solutions « captives » par manque d’information.
Nos 17 ans d’expérience de terrain nous ont appris que le logiciel libre convainc le plus souvent pour des raisons comptables (économie de coût à moyen et long terme) que pour des raisons idéologiques. S’il est vrai que le logiciel libre est souvent moins cher, mais c’est surtout les coûts de sortie qu’il faut regarder…
Les collectivités qui ont fait le choix de S²LOW ont fait un choix gagnant d’un point de vue budgétaire. Mais elles seraient bien inspirées de mettre en place une véritable stratégie pour garantir leur indépendance. Elles découvriraient que cette indépendance passe par la mutualisation des risques et des coûts, par la « scalabilité » des solutions, la modularité des développements, et l’ouverture du code.

S²LOW, par son succès, nous a permis de prouver qu’en matière de stratégie, nous pouvions avoir raison, et faire gagner le logiciel libre sur le terrain des applications métiers.